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VU À L'ÉTRANGER Adrian Polansky Cie : vivement les blés OGM !

Adrian Polansky devant la nouvelle station de semences de 12 millions de dollars qui a été inaugurée en juin dernier.C. DEQUIDT

Doubler ses surfaces de semences certifiées en blé, en attendant les OGM, est l'objectif de la firme américaine Adrian Polansky Cie.

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Le 4 juin 2015, en préambule de la visite des essais, le ruban a été coupé pour l'inauguration de la toute nouvelle station de semences de la firme Adrian Polansky Cie. Une station de 12 millions de dollars qui doit lui permettre de doubler les surfaces de semences certifiées vendues, notamment à la nouvelle génération d'agriculteurs. Adrian Polansky est une figure locale du Kansas, principal Etat producteur de blé des Etats-Unis. Pluriactif, Adrian est un agriculteur reconnu, un vendeur de semences apprécié et un homme politique puissant puisque représentant agricole du Kansas au Congrès.

Des agriculteurs leaders fédèrent la multiplication

Aux Etats-Unis, dans les céréales à paille, les obtenteurs de semences ne vendent pas en direct, ils utilisent des agriculteurs leaders, comme Adrian Polansky, qui peuvent fédérer la multiplication dans d'autres fermes et développer leur circuit de commercialisation. Ils sont douze au Kansas.

Adrian Polansky travaille ainsi avec Limagrain, Syngenta et l'université du Kansas, son principal fournisseur de génétique. Il est localisé à Belleville, au nord de l'Etat. Dix fermes multiplient pour lui. Il revend ses semences avec un réseau d'une centaine de « dealers », négoces et coopératives. Son entreprise fait vivre 15 personnes dont 3 commerciaux qui visitent les « dealers ».

De 14 à 28 % de semences certifiées en cinq ans

Lors des cinq dernières années, le taux d'utilisation des semences certifiées a doublé passant de 14 à 28 %. « Notre challenge est de réussir à doubler de nouveau la part de marché des semences certifiées en passant de 28 %, aujourd'hui, à 56 % en 2020, précise Adrian Polansky. Nous sommes, nous-mêmes, multiplicateurs sur notre propre ferme de 5 000 acres (2 023 ha) que gère mon fils Adam. »

Les arguments ne manquent pas sur l'évolution génétique. Mike Baxa, le directeur de l'activité semences ajoute : « Il n'y a pas photo, les semences certifiées sont un choix pertinent que les jeunes agriculteurs comprennent facilement. Les cours actuels poussent à acheter de la nouvelle génétique. » Mais, une grande majorité utilisent encore leur propre récolte comme semences sans payer de royalties. Comme en France, ils n'ont pas le droit de les vendre à leur voisin. Cette tendance est en train d'évoluer avec la nouvelle génération mieux formée. Chaque année, de nouvelles variétés encore plus performantes arrivent sur le marché. Pour les OGM, le jeu est totalement différent puisqu'en maïs, les agriculteurs sont obligés d'acheter de nouvelles variétés tous les ans, à Monsanto ou Syngenta essentiellement. Par contre pour le soja, à 99 % OGM, il existe une vraie difficulté puisqu'en qualité d'hybride, il peut être de nouveau utilisé par les agriculteurs, sauf que c'est interdit. « Le conflit de Monsanto avec les agriculteurs américains vient de là. La firme n'a jamais hésité à mettre en justice tout agriculteur qui dérogerait à cette règle », ajoute Adrian Polansky, vendeur de semences OGM de maïs et de soja. « Vivement que le blé OGM soit mis en vente, cela simplifiera notre métier et surtout cela sera très favorable aux agriculteurs. » Les Etats-Unis seront-ils les premiers à développer des blés OGM ? Nul ne le sait, mais pour arriver à nourrir les 9,5 milliards d'humains en 2050, de nombreux experts pensent qu'il n'y aura pas le choix.

Blés OGM : tout est prêt en cas de feu vert

« Après la première tentative de Monsanto d'imposer des blés OGM à la vente, en mars 2004, rejetée par l'USDA, ce n'est que partie remise », précise Adrian Polansky, qui se dit prêt à aller défendre le dosssier au Congrès, voire directement auprès du président Obama qu'il a déjà rencontré plusieurs fois. « Les Etats-Unis ont une véritable mission contre la malnutrition et la pauvreté dans le monde. Nous l'avons fait avec l'aide alimentaire. Nous allons la poursuivre avec les OGM. C'est pour cela que nous devons être les premiers à développer les blés OGM. » Dans les cartons des chercheurs de Monsanto, Syngenta, Bayer, Limagrain, tout est prêt en cas de feu vert.

Un enjeu stratégique

Pour les Etats-Unis l'enjeu des blés OGM est aussi stratégique dans le pays. « Si nous ne développons pas le blé OGM, il y a de fortes chances que les surfaces régressent ou au mieux stagnent, analyse Marla Barnett, généticienne de Limagrain US. Par contre, si nous avons l'autorisation, les surfaces de blé pourraient fortement augmenter, aux dépens du maïs, notamment dans les Etats du Sud où la pluviométrie est faible. »

Christophe Dequidt

Adrian Polansky et Mike Baxa, directeur de l'activité semences, très satisfaits de la progression des ventes de semences certifiées.

Prêt pour la moisson ! Si les OGM sont développés, les surfaces de blé pourraient fortement augmenter aux dépens du maïs.

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